Le Biochar, un amendement à vie… par Tony

Tony JOUANNEAU
Nouveau venu dans le Cher depuis 2020, j’ai démarré un jardin sur une terre très sableuse et acide. N’ayant jamais eu le bonheur de jardiner par le passé, je me suis lancé dans le jardinage via Youtube et les ami(e)s, cela m’a appris à utiliser les principes de la permaculture. J’ai commencé par enfouir du bois en décomposition à 1,5 mètre de profondeur puis recouvert de lasagne (tonte d’herbes, feuilles mortes, terre de jardin). Ce qui m’a bien démontrer que cette butte était bien plus productive que directement dans le sol, même enrichie. Le but était de redonner de la vie au sol… Je n’avais découvert aucun verre de terre lors de la création de la butte de permaculture. C’est alors que j’ai découvert sur le net la” terra preta” des Incas qui incorporeraient du Carbone dans le sol. Ce qui favorise l’apparition de la vie en servant de support. J’avais découvert le Biochar et je vais vous montrer comment j’ai débuté sa production et son utilisation.

Présentation

Le biochar est un amendement du sol issu de la pyrolyse de biomasse. Il est utilisé en agriculture pour augmenter la qualité des sols, et donc leur productivité ; il est également utilisé pour la dépollution de sols ou sédiments et dans la lutte contre le réchauffement climatique comme solution de séquestration à long terme de carbone atmosphérique dans les sols, notamment dans le cadre de l’approche 4p1000 (ou 4 ‰, l’initiative internationale lancée lors de la COP21 en 2015, encourageant le monde agricole à mieux stocker le carbone dans les sols cultivés, un moyen de réduire le taux de gaz à effet de serre de l’atmosphère terrestre. Il doit cependant être judicieusement dosé car, au delà d’un certain seuil, ses effets, positifs en petite quantité, peuvent devenir négatifs pour la vie des bactéries et des microchampignons indigènes du substrat.

Amendement

Destiné à restaurer ou améliorer les sols, le biochar, en tant qu’amendement, est alors intégré, sous forme de poudre ou de petits fragments, dans des sols de pépinière, de forêt, agricoles, de jardin ou horticoles (pots de fleur), dans le but d’améliorer les propriétés pédologiques (physiques, chimiques, biologiques) du substrat. Le biochar est étudié et recommandé par un nombre croissant d’auteurs pour améliorer et stabiliser les sols tropicaux, naturellement acides et pauvres, donc fragiles, qui ont été fortement dégradés par l’agriculture et/ou la déforestation, et sont actuellement érodés ou menacés par l’érosion.

Fixation du carbone dans les sols

Le biochar, en tant que produit riche en carbone, stable et durable, dopant la vie du sol, a aussi une fonction d’amorçage de puits de carbone, ce qui explique qu’il suscite un intérêt croissant dans le contexte des préoccupations concernant l’actuel réchauffement climatique, anthropique. Il pourrait être une des solutions immédiates à l’impact globalement négatif des activités agricoles, car l’agriculture, si elle n’utilise que peu de carbone fossile sous la forme de carburants (environ 1 % de la consommation totale en 8  France, à titre d’exemple), est fortement émettrice de gaz à effet de serre (18 % du total environ en France), et le travail du sol a dégradé le puits de carbone que constitue l’humus. De plus, une grande partie des palmiers à huile, du soja et des agrocarburants ont été cultivés depuis la fin du XXe siècle en détruisant les forêts tropicales (par le feu le plus souvent, c’est-à-dire en libérant le carbone stocké dans la biomasse ligneuse), en dégradant les sols protégés et enrichis en carbone par la forêt. Le biochar, en favorisant l’humus, permet de restaurer la capacité des sols à stocker une partie du carbone produit par les biomasses végétales, fongiques et animales.
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